À la suite de mon article sur le bilan de mes 6 premiers mois en autoédition, j'ai eu beaucoup de questions de la part de lecteurs qui me demandaient plus de précisions sur le métier d'écrivain. Je me suis donc dit que je pourrais en faire un petit article pour mieux vous présenter la réalité du terrain, afin que vous puissiez découvrir les enjeux de ce métier pas tout à fait comme les autres. Bien sûr, cela ne concerne que ma propre expérience, qui n'est d'ailleurs pas très étoffée pour l'instant ! Mais cela vous permettra d'avoir une petite idée de mon quotidien et, par extension, de celui de certains auteurs que vous appréciez également :-)
Ecrivain, un métier solitaire
La première chose que j'ai envie de vous partager, c'est à quel point je suis SEULE ! Après avoir accompagné mes enfants à l'école, je me pose sur mon ordi vers 8h30 et ensuite je ne vois plus personne jusqu'en fin d'après-midi, quand je retourne les chercher. Je travaille seule, je mange seule, je fais une petite pause du midi seule, et heureusement que j'ai deux chats pour me tenir compagnie car sinon ça ne serait pas très marrant ! Pour ne pas trop tourner en rond, je vais parfois faire du sport dans la journée, ou je vais marcher/déjeuner avec une amie, ou je vais travailler au parc/à la bibliothèque selon le temps.
L'avantage de travailler depuis chez soi, c'est qu'à la fin de la journée, ma maison est rangée et propre :-D C'est fou tout ce qu'on peut faire sur les temps de pause ! Mais à part ça, je trouve que c'est un aspect assez difficile du métier, surtout que j'ai toujours travaillé dans des écoles, où je trouvais toujours quelqu'un avec qui papoter quand je n'avais pas les élèves avec moi.
Pour éviter de déprimer face à cette solitude, j’ai pris le pli d’aller tous les jours au parc à côté de l’école de mes enfants, où je reste en général de 16h à 18h. Il y a toujours des gens que je connais et ça me permet de ne pas perdre le fil de la réalité. J'ai aussi fait appel à une coach, avec qui je définis des objectifs de travail. Ainsi, je reste motivée au quotidien, sans perdre de vue le sens de ce que je fais.
Ecrivain, un métier mal payé
Vous l’avez sûrement déjà entendu, mais être écrivain est vraiment très mal payé. Pour vous donner un ordre d’idée, il me faut en moyenne 6 mois pour écrire, corriger et publier un nouveau roman, alors que j’y travaille plusieurs heures par jour. Pour certaines personnes c’est moins, mais pour d’autres il faut bien plus de temps. Dans tous les cas, si on est publié en maison d’édition classique, on touche à peu près 1,50 euros par livre. Et on ne va pas se mentir, la majorité des auteurs ne vendent pas 50 000 exemplaires de leurs romans, mais peut-être quelques milliers, pour ceux pour qui ça marche bien. Je vous laisse faire le calcul, mais quand il faut plusieurs mois pour écrire le dit roman, ça ne fait pas bien lourd dans la balance (sans compter les impôts !)
Étant auteure indépendante, je touche en moyenne 3-4 euros par livre, mais j’ai aussi des dépenses que n’ont pas les auteurs en maison d’édition (graphiste pour la couverture, correctrice etc…) donc grosso modo je ne roule pas sur l’or avec la vente de mes livres moi non plus 😉
Ecrivain, un métier public
Alors là, je vais vous parler de ce que je trouve le plus difficile dans ce métier : le côté public de nos livres. Il m’a fallu très longtemps pour écrire le premier tome de la saga des Trois Royaumes, ce qui veut dire que pendant des années j’étais la seule dépositaire de l’histoire, la seule à écouter discuter les personnages, à les voir évoluer, à peaufiner chaque mot pour qu’il sonne bien, à me poser 10 000 questions sur la cohérence et le message que je voulais transmettre. J’ai aimé chaque minute de cette gestation, un peu comme ce temps magique de la grossesse où la connexion est unique entre la maman et son bébé.
Et puis, d’un coup, le bébé est lâché dans le monde.
Je ne vais pas vous mentir, j’ai trouvé ça affreux. Bien sûr que j‘ai savouré chaque message de tous ceux qui ont adoré mon histoire, tous ceux qui ont pu grâce à moi s’évader dans un monde imaginaire, réfléchir à des problématiques d’écologie ou repenser leur rapport à la société. Je trouve ça magique, vraiment ! Mais, et c'est bien normal, il y a des lecteurs qui n'aiment pas ma façon d'écrire, ni mes personnages, et encore moins mon histoire, et ça, j'ai encore du mal à ne pas en être touchée. Je sais qu'il faudrait que ça me passe au-dessus, bien sûr. Après tout, ce n'est qu'une histoire d'ego blessé 😉 Mais pour l'instant je ne sais pas faire, et je ne vois pas pourquoi je mentirais en disant que ce n'est pas le cas ^^
En revanche, je trouve que c'est une très belle leçon de vie. Cela m'oblige à plonger dans mes peurs, mes doutes et mes croyances limitantes, et à aller déterrer tout ce manque de confiance en moi pour retirer le meilleur de ce que je vis. En 6 mois, j'ai déjà beaucoup progressé et j'ai bon espoir qu'un jour je saurai vivre encore plus depuis l'espace du cœur pour ne plus me laisser envahir par le petit moulin de mon mental.
Petite image prise sur l'excellent site Kindlepreneur, que je vous recommande si vous êtes auteur indépendant
Ecrivain, un métier qui a du sens pour moi
Voilà finalement le plus important de ma réalité d'écrivain : le sens que je mets derrière cette expérience. Au-delà de la solitude, du salaire aléatoire et de la peur des mauvais retours, j'ai compris que les mots avaient une telle magie en eux que j'avais désormais envie de les utiliser au quotidien dans mon travail. Lorsque j'écris un roman, je ne fais pas que de raconter une histoire. Inconsciemment, cela me permet de réfléchir à ce que j'ai envie de transmettre, aux valeurs qui me portent, à tout ce que je ne parviens pas à exprimer à l'oral. Pour moi, c'est tellement plus fluide d'écrire mes opinions plutôt que de les dire !
Chaque personnage que je crée, avec son caractère, ses forces et ses faiblesses, me pousse à réfléchir à qui je suis, moi-même, en tant que personne. Certains m'inspirent (comme Nouk, que j'essaie de copier secrètement), d'autres me révoltent. Travailler sur leurs personnalités m'a fait découvrir 1001 facettes du monde qui m'entoure. Je trouve tout ceci passionnant, et vraiment porteur d'un point de vue développement personnel. En étant écrivain, j'ai la sensation de vivre un voyage fascinant au cœur de l'âme humaine. Quand je perds un peu le sens de mon travail, c'est à ça que j'essaie de me raccrocher en priorité : écrire, c'est se guérir soi-même.
Sophie
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Ce que tu écris ne m'étonne pas du tout. J'apprécie ta façon de l'écrire et ta sincérité : tu es transparente sur le dessous des cartes, et j'adore ce genre d'article. Malheureusement, je n'ai toujours pas pu lire tes romans : je les ai pourtant achetés, mais il y a un bug sur Amazon qui m'empêche de transférer tes livres sur ma liseuse (j'ai contacté la plateforme... qui n'a strictement rien fait pour m'aider ; il faut que je réessaie). Je t'embrasse !
Merci de ces partages, Sophie, et de ta sincérité. Il est vrai que travailler seule a des avantages (pas de temps perdu en transport, plein de petites corvées qu'on expédie sur ce qui serait ailleurs une pause papote avec les collègues, la possibilité de traîner en tenue confortable et de s'organiser comme on veut) mais aussi les inconvénients d'être seule avec soi-même toute la journée et de ne jamais changer de cadre de vie et de travail... Bon courage, tu as déjà tellement accompli!